Editions: Albin Michel (Wiz), 2012
Nombre de pages: 389
Quatrième de couverture:
"C'est moi qui ai eu l'idée de la liste. Je n'ai jamais voulu que quelqu'un meure. Est-ce qu'un jour on me pardonneras ?"
C'est ce que pense Valérie, effondrée après un drame inexplicable survenu au lycée. Son petit ami, Nick, a ouvert le feu dans la cafétéria, visant un à un tous les élèves de la liste. Cette fameuse liste qu'ils ont écrite pour s'amuser et où figurent ceux qui étaient odieux, lâches, méprisants dans l'établissement. Maintenant, ils sont blessés ou morts. Et Nick s'est suicidé, emportant son secret pour toujours. Mais Valérie elle, est toujours là, enfermée dans une bulle de questions sans réponses? Jusqu'au matin, où elle se lève et quitte sa chambre pour retourner au lycée...
Ce livre me faisait de l'oeil depuis sa sortie et je suis plus que ravie d'avoir pris le temps de le découvrir. Le sujet choc m'a attirée immédiatement tout comme la curiosité. Je me demandais comment un tel thème pouvait être traité sans tomber dans le voyeurisme ou le drame à outrance. Et bien l'auteur m'a donné une magnifique réponse qui allait au-delà de mes espérances!
Valérie n'est pas vraiment la coqueluche de son lycée. Avec son copain Nick, ils vivent un peu en marge des stars, étant un peu les marginaux du lot. Cet état de fait fait d'eux les boucs-émissaires soumis à la loi du plus fort et subissant brimades et autres humiliations. Pour exorciser tout cela, ils ont décidé de tenir une liste de la haine sur laquelle apparaissent toutes les personnes qui leur manque de respect. Seulement alors que Valérie fait uniquement cela pour se décharger, Nick lui va passer à l'action, venir au lycée armé et tirer sur tout le monde... Survivante de la tuerie, Valérie va devoir faire face aux accusations et au regard des gens.
Voilà un livre dont il est difficile de parler de part le sujet traité. Le lecteur est fasciné car il plonge dans la tuerie dès les premières pages à l'aide d'un article d'une journaliste. Cette mise dans le bain nous ouvre les portes de l'horreur qui s'est produite pour nous diriger immédiatement dans le quotidien difficile de Valérie. Entre le statut d'héroïne et de coupable désigné, cette jeune fille va reprendre le lycée après tous les évènements qui ont marqué les mémoires à jamais.
Effrayée et perdue face à l'expérience qui l'attend, elle se prépare du mieux qu'elle peut avec l'aide de son psychologue. Mais difficile de faire face aux actes de votre petit ami et aux pensées que vous avez eues quand votre propre famille s'est complètement éclatée, ne vous fait pas confiance et se ment à elle-même. Avec personne pour la soutenir, elle va devoir prendre sur elle pour essayer de survivre alors qu'elle aurait presque préféré mourir ce jour-là.
J'ai particulièrement aimé la plume de l'auteur qui a su dépeindre avec justesse et réalisme un évènement inconcevable et ce sans tomber dans du voyeurisme, de la violence gratuite ou du drame à outrance. Et c'est ce qui nous emporte dans ce livre et nous empêche de le refermer avant la dernière page ou de haïr les protagonistes.
La haine est un sentiment puissant qui peut engendrer bien des massacres ou des violences. C'est bien elle qui est au centre de ce récit. Au-delà de l'horreur, il s'agit bien de condamner les brimades et les humiliations, car même si le geste reste ignoble et impardonnable, les scènes qui ont conduit jusque-là le sont tout autant!
J'ai pu m'identifier sans problème à Valérie. Ces sentiments sont réalistes et nous touchent fortement. L'amour qu'elle porte à Nick malgré tout est puissant et beau, son incompréhension face à son geste l'est pour nous aussi, et nous partageons ses doutes quant à l'évolution de son avenir. C'est affreux de voir jusqu'à quel point les autres peuvent nous détruire, sans croire qu'ils le font vraiment, sans voir le mal derrière leurs attitudes...
Le récit est construit entre passé et présent, mélangeant des scènes du massacre à travers les articles de la journaliste, des scènes entre Valérie et Nick, et le présent à travers ses tentatives de reconstruction. Ces sauts nous permettent d'alterner entre horreur, tension et moments plus légers, ce qui nous permet de ne pas sombrer dans un abîme sans fond.