Auteur: André Gide Editions: Folio, 1993 Nombre de pages: 150 Quatrième de couverture: - Il ne faut pas chercher à m'en faire accroire, voyez-vous. D'abord parce que ça serait très lâche de chercher à tromper une aveugle... Et puis parce que ça ne prendrait pas, ajouta-t-elle en riant. Dites-moi, pasteur, vous n'êtes pas malheureux, n'est-ce pas ? Je portai sa main à mes lèvres, comme pour lui faire sentir sans le lui avouer que partie de mon bonheur venait d'elle, tout en répondant : - Non, Gertrude, non, je ne suis pas malheureux. Comment serais-je malheureux ? |
Ce livre est une relecture pour un challenge. Comme je l'ai lu il y a de nombreuses années, je ne me rappelais plus trop de l'histoire, ni de son déroulement, aussi c'est avec plaisir que je l'ai redécouvert. Si le style de l'auteur me plaît toujours autant, j'ai eu plus de peine avec certains éléments du récit, n'adhérant pas complètement aux propos tenus.
C'est l'histoire particulière d'un pasteur qui prend sous son aile une jeune aveugle qui nous est contée. Bien décidé à l'instruire et à l'orienter sur le chemin de la vie et de la foi, il consacre beaucoup de son temps à cette jeune fille qui se transforme de plus en plus en une obsession ingérable, au détriment de sa propre famille et principalement de sa femme...
C'est la descente aux enfers d'un homme de foi, la rencontre avec l'amour interdit, l'abnégation pour un être autre que Dieu, que l'auteur nous dépeint. Voilà justement l'élément pour lequel j'ai eu un peu plus de peine. Finalement la religion prend beaucoup de place dans ce texte, presque un peu trop à mon goût... Mais bon cela n'enlève rien au charme de cette histoire, au côté sombre de la fin et à la chute du pasteur.
L'auteur nous sert un récit envoûtant, avec des mots justes, simples, forts et troublants. Si Gertrude nous touche fortement, l'impact qu'elle a sur la famille du pasteur ne nous laisse pas de marbre pour autant... J'ai été surprise par la fin du récit qui nous prend au dépourvu et qui n'était pas prévisible. J'ai aimé ce parti pris de l'auteur, même si cela ressemble un peu à une punition (divine? Allez savoir...). Si le texte reste un peu court et donc finalement peu développé, aller droit au but n'est pas un mal non plus.