Auteur: Léon Tolstoï Editions: Folio (Classique), 2002 Nombre de pages: 1023 Quatrième de couverture: 1805 à Moscou, en ces temps de paix fragile, les Bolkonsky, les Rostov et les Bézoukhov constituent les personnages principaux d'une chronique familiale. Une fresque sociale où l'aristocratie, de Moscou à Saint-Pétersbourg, entre grandeur et misérabilisme, se prend au jeu de l'ambition sociale, des mesquineries, des premiers émois. 1812, la guerre éclate et peu à peu les personnages imaginaires évoluent au sein même des événements historiques. Le conte social, dépassant les ressorts de l'intrigue psychologique, prend une dimension d'épopée historique et se change en récit d'une époque. La "Guerre" selon Tolstoï, c'est celle menée contre Napoléon par l'armée d'Alexandre, c'est la bataille d'Austerlitz, l'invasion de la Russie, l'incendie de Moscou, puis la retraite des armées napoléoniennes. Entre les deux romans de sa fresque, le portrait d'une classe sociale et le récit historique, Tolstoï tend une passerelle, livrant une réflexion philosophique sur le décalage de la volonté humaine aliénée à l'inéluctable marche de l'Histoire ou lorsque le destin façonne les hommes malgré eux. Lecture commune: Voilà la conséquence d'un trip complet lors d'une discussion XD Merci ma Koko! |
Peut-être que vous serez surpris, mais sachez que je suis une grande adepte de classiques russes! Très tôt j'ai plongé dans les amours tortueux de ces auteurs remarquables et malgré les années, je ne m'en lasse toujours pas. Pourtant cela faisait un moment que je ne m'étais plus lancée dans un tel roman alors que j'en ai encore un bon petit stock dans ma PAL... Alors quand deux lectrices parlent lecture et décident de se lancer un pari un peu fou, les deux tomes de "La Guerre et la Paix" quittent d'un seul coup leur place douillette au fin fond de ma PAL pour mon plus grand bonheur.
Tolstoï c'est le spécialiste des pavés et des histoires à rallonge et pourtant c'est un de mes chouchous avec Tchékov. Ne croyez pas que je suis devenue fan du jour au lendemain des descriptions interminables, c'est loin d'être le cas et croyez bien que j'ai lu en diagonale bien des passages à cause de ça, simplement la plume de l'auteur est tellement géniale que je lui pardonne ces longueurs (après il aurait pu raccourcir, cela ne m'aurait pas dérangée).
L'auteur nous offre ici des chroniques familiales détaillées, se déroulant sur plusieurs années, montrant les hauts et les bas de nos personnages, leur quotidien, leurs aspirations, leurs rêves, leurs désillusions. Nous avons l'impression de plonger réellement dans la vie de ces gens, de les connaître, d'être à leur côté et de prendre part aux événements. C'est vraiment un don incroyable que l'auteur utilise à outrance et qui nous emporte au fil des presque 1000 pages de ce roman. Ennuyeux me direz-vous? Peut-être par moments, car il est certain que tous les thèmes ou tous les personnages ne réussiront pas toujours à vous intéresser ni à vous emporter, mais vous serez surpris de la vitesse à laquelle les pages se tournent et comme il devient très difficile de quitter ces personnages si attachants au final.
Parlons justement de ces derniers... Un autre des dons de l'auteur? Rendre ses personnages tout simplement risibles! Préparez-vous aux fous rires, car ici les faits et gestes des uns et des autres prêtes fortement à rire. Certains disent "le ridicule ne tue pas", ici cela devient le mot d'ordre pour nombre d'entre eux. Difficile de garder son sérieux tellement ils sont plus idiots les uns que les autres! Certains changent d'avis comme de chemise et les coeurs s'enflamment au moindre regard ou contact. Mais les désillusions arrivent aussi très vite et les familles ont fort à faire pour tenir le cap, faire de bons mariages, conserver leur rang voire monter dans la hiérarchie.
A côté de la vie quotidienne et des méandres de l'aristocratie, nous suivons bien entendu la guerre contre Napoléon. Tolstoï s'est donné aussi à coeur joie dans les descriptions des batailles avec les officiers non formés qui ne savent pas comment tenir le cap et encore moins tenir leurs troupes de soldats non aptes à la guerre et qui s'enfuient au moindre souci. Autant vous dire que c'est le sourire aux lèvres que vous lirez ces scènes, au rythme des "Hourra" et des rêves brisés de nos héros. A noter que la version de Napoléon dépeinte ici est excellente pour les zygomatiques et que nous ne nous lassons pas de croiser son chemin!
En bref, non ce n'est pas un coup de coeur car bon le livre est énorme pour la consistance effective de son histoire. Toutefois, je suis prête à pardonner tout et n'importe quoi à Tolstoï car sa façon de conter le quotidien de ses personnages est tellement magistrale que je finis toujours par oublier très vite les petits défauts croisés au fil des pages... |