Editions: GF-Flammarion, 2004
Nombre de pages: 454
Quatrième de couverture:
Bon Dieu ! ma sœur, dit alors Dinarzade, que votre conte est merveilleux ! - La suite est encore plus surprenante, répondit Scheherazade, et vous en tomberiez d'accord, si le sultan voulait me laisser vivre encore aujourd'hui et me donner la permission de vous la raconter la nuit prochaine. " Schahriar, qui avait écouté Scheherazade avec plaisir, dit en lui-même : " J'attendrai jusqu'à demain ; je la ferai toujours bien mourir quand j'aurai entendu la fin de son conte. " (Première nuit)
Qui n’a jamais entendu parlé des Mille et une Nuits? Voilà un livre très connu qui m’a rebutée au premier abord par sa densité et le nombre d’histoires présentes dans le recueil. Pour un premier tome, il est déjà bien conséquent. Pourtant j’ai été étonnée en bien, enfin… jusqu’à un certain point.
Suite à une désillusion amoureuse, le sultan décide que les femmes ne valent rien. Il prend donc une épouse chaque jour, consomme sa nuit, puis la fait tuer au petit matin par le grand-vizir. Un beau jour, sa propre fille, Sheherazade, demande à épouser le sultan avec pour condition que sa soeur passe la première (et dernière) nuit avec elle et son mari. D’abord horrifié, le grand-vizir se voit obligé d’accepter. Elle devient donc sultane et la première nuit va engendrer un cycle incroyable: par ses histoires, elle réussit à captiver son mari et sauver sa vie.
Au fil des nuits, Sheherazade doit inover et réussir à garder l’attention du sultan. Inventant ses histoires au fur et à mesure, elle a le don de les rallonger à outrance à l’aide d’un schéma qui s’avère très répétitif tout au long du livre. Un héros commence à raconter une histoire, dans laquelle d’autres personnages racontent des histoires, à l’intérieur desquelles une autre personne évoque son passé, etc. Cela nous donne un enchassement parfois tellement important et long, que le lecteur en oublierait presque l’histoire de départ…
La plupart des récits sont intéressants avec des fins inattendues et des rebondissements en pagaille. Malheureusement, le schéma narratif répétitif enlève une bonne part de surprise et plus le livre avance, moins le lecteur est titillé ou surpris. J’ai même parfois été étonnée que le sultan garde autant d’intérêt pour ces histoires un peu ennuyeuses. Il y a donc du bon et du moins bon, mais heureusement le pourcentage de bon est largement supérieur et vaut la peine d’être lu.
Les héros changent à chaque histoire, donc difficile de vraiment s’attacher à eux. Quant aux 3 personnages de base (la conteuse, sa soeur et le sultan), on en sait tellement peu sur eux qu’ils ne sont pas proches de nous non plus. Mais Sheherazade réussit à arrêter ses histoires à des instants clés, ce qui nous rend autant dépendants que le sultan à ses récits.
Si vous aimez les contes, je vous conseille ce recueil, car il dépayse et nous offre de beaux textes. Le style d’écriture est très agréable, bien qu’un peu lourd durant certaines descriptions. Je vous suggèrerais tout de même de le lire de manière espacée, histoire de moins enchaîner les récits. Cela vous permettra peut-être de moins ressentir le côté répétitif des schémas narratifs :)