Editions: Gallimard (Scripto), 2012
Nombre de pages: 480
Quatrième de couverture:
"19 avril 1936. Bientôt minuit. Je vais naître dans une minute exactement. Je vais voir le jour le 20 avril. Date anniversaire de notre Fürher. Je serai ainsi béni des dieux germaniques et l'on verra en moi le premier-né de la race suprême. La race aryenne. Celle qui désormais régnera en maître sur le monde. Je suis l'enfant du futur. Conçu sans amour. Sans Dieu. Sans loi. Sans rien d'autre que la force et la rage. Je mordrai au lieu de téter. Je hurlerai au lieu de gazouiller. Je haïrai au lieu d'aimer. Heil Hitler !"Max est le prototype parfait du programme "Lebensborn" initié par Himmler. Des femmes sélectionnées par les nazis mettent au monde de purs représentants de la race aryenne, jeunesse idéale destinée à régénérer l'Allemagne puis l'Europe occupée par le Reich.
Depuis ma lecture, j'ai très envie de vous parler de ce livre. Un roman qui ne plaira pas à tout le monde, un roman choc sur un sujet trop souvent ignoré, un roman qui nous offre une écriture réaliste, juste et qui fait froid dans le dos. Pourtant je crains de ne pas réussir à vous en parler correctement de part les émotions fortes qu'il a éveillé en moi. Je vais faire de mon mieux, mais sachez que s'il vous intrigue, faites en sorte qu'il rejoigne votre PAL, il en vaut vraiment la peine.
Ce livre raconte la vie de Max ou plutôt de Konrad de son nom aryen, jeune premier né du programme "Lebensborn" initié par Himmler. Le but de ce programme? Créer de parfaits Aryens en choisissant des mâles et des femelles remplissant les conditions de perfection physique exigées. Les bébés sont donc créés en un soir, puis pris à leurs mères pour grandir dans des familles parfaites. Pauvres enfants me direz-vous? Eh bien pas du point de vue de Konrad! Celui-ci fait tout pour être le premier et naître le jour anniversaire du Fürher, ce qu'il réussit pour sa plus grande joie. Bien décidé à devenir l'enfant parfait du régime, il va plonger en toute connaissance de cause dans les horreurs commises par les siens.
Aussi étonnant que cela puisse paraître, nous rencontrons notre narrateur alors qu'il n'est encore que dans le ventre de sa mère. Il exprime déjà des pensées très endoctrinées et se comportera comme l'être supérieur qu'il pense être, bien décidé à devenir une pierre importante de l'édifice nazi. Dès le début il nous montre bien qu'il sait clairement ce qui est fait autour de lui, les meurtres, les éliminations, il se targue de connaître le double sens des mots employés, fière d'appartenir au cercle des privilégiés.
Avec lui nous allons découvrir les dessous du programme Lebensborn et des jeunesses Hitlériennes. Il va servir le régime, à un point inattendu, car en Pologne il va s'avérer être un élément important pour trouver des enfants et éliminer des familles entières. Bien que subissant quelques moments de doutes, sa foi est quasiment inébranlable, de quoi nous faire vraiment peur. Mais sa rencontre avec Lukas va l'emmener sur des chemins inattendus et pourrait bien changer sa vie.
J'ai été emportée par ce récit, même si je dois bien admettre que les jeunes années de Konrad m'ont un petit peu ennuyée par moments. C'est bien le seul point négatif que je trouve à ce roman, car le sujet est extrêmement bien traité sans tomber dans du voyeurisme ou dans l'horreur à outrance. Les événements sont décrits tels qu'ils sont sans enrobage, ce qui ne les rends que plus durs à accepter.
Je n'avais jamais lu de livres sur ce thème et j'en ressors avec un tourbillon d'émotions qui me laisse sans voix et qui me tenaille encore maintenant. Ce roman mérite d'être lu et découvert, histoire de montrer que les enfants n'ont pas été en reste durant cette guerre, même si on a tendance à l'oublier.