Auteur: Karine Giébel Editions: Pocket, 2012 Nombre de pages: 988 Quatrième de couverture: Si jeune, Marianne devrait être insouciante et rêver à l'avenir, des projets plein la tête. Mais son seul rêve, c'est la liberté. Car Marianne est en prison. Perpétuité pour cette meurtrière. Indomptable, incapable de maîtriser la violence qui est en elle, Marianne refuse de se soumettre, de se laisser briser par l'univers carcéral sans pitié où elle affronte la haine, les brimades, les coups, les humiliations. La tête haute, toujours. Elle s'évade parfois, grâce à la drogue qu'elle paye en nature, grâce aux romans qu'on lui laisse lire, grâce à ses souvenirs aussi. Grâce au bruit des trains, véritable invitation au voyage. Elle finit par apprendre l'amitié, la solidarité, et même... la passion. Mais sans aucun espoir de fuir cet enfer, hormis dans ses rêves les plus fous. Et puis un jour, l'inimaginable se produit. Une porte s'ouvre au parloir. Trois hommes, trois flics lui proposent un odieux marché, lui offrant une possibilité de quitter ce purgatoire. Mais en échange de sa liberté elle devra tuer pour eux. Des derniers meurtres à commettre… pour rédemption. Lecture commune: Devinez avec qui je pourrais lire un livre aussi glauque et glaçant? Avec Koko bien sûr ;) |
Je lis des livres qui sont parfois tellement "chocs" qu'écrire une chronique s'avère ardu. Démêler les sentiments que j'ai ressentis durant cette lecture m'aura demandé un peu de temps et la lecture d'autres livres avant de me poser devant l'ordinateur. Pour la première fois, je n'étais pas sûre d'arriver au bout d'un livre... Non pas parce que l'histoire ou l'écriture ne me plaisaient pas, mais bien parce qu'ils étaient tellement excellents que j'étouffais dans cette ambiance carcérale glauque et oppressante.
L'auteur n'épargne rien à notre héroïne et quand je dis rien, je vous jure que ce n'est pas un euphémisme. Même les pires horreurs lui sont destinées, à croire que la moindre joie ou espérance lui sont totalement interdites. C'est ce qui rend ce livre si oppressant et insoutenable. Car oui, l'auteur pousse le bouchon très loin, mais est-ce vraiment si romancé que cela? Je crains que non... C'est une réalité horrible et insoutenable qu'elle nous dévoile, celle de la vie en prison. Autant vous dire qu'il faut être prêt à plonger dans le pire de l'être humain pour survivre à cet énorme pavé, sinon impossible d'atteindre le bout de ces presque mille pages, il vaut passer votre chemin tout de suite...
Cela m'arrive rarement avec des romans non tirés de faits réels, mais là j'ai eu la nausée, j'ai été chamboulée au plus profond de mon être, j'ai été dégoûtée, j'ai même voulu (et je vous jure que c'est difficile à dire), tuer l'héroïne pour que son calvaire se termine enfin... Pour la première fois, j'ai eu de réelles envies de meurtres et pas parce que la personne m'exaspérait, mais vraiment parce que c'était insoutenable qu'elle survive pour vivre un enfer encore pire juste après.
Durant une bonne partie du livre, je me suis dit que j'étais loin du coup de coeur, car ce roman était trop glauque, trop insoutenable. Et pourtant... Pourtant l'auteur réussit à nous offrir une évolution toujours aussi sombre, mais tellement inattendue et passionnante, que nous nous prenons à dévorer le roman, à nous accrocher comme l'héroïne au moindre petit espoir et nous surprendre à rêver de la lumière au bout du tunnel et à croire que tout peut finir par s'arranger.
Son roman est extrêmement bien ficelé, à tel point que la fin est un coup de poing, une réussite totale, une apothéose finalement tellement crédible, qu'une fois le livre reposé, nous en venons à nous demander si cette histoire n'était pas réelle après tout... Et alors nous nous sentons vide, le cerveau déconnecté, et nous n'avons qu'une envie: nous isoler dans un coin pour prendre le temps de digérer ce thriller magistral qui nous remue et nous marque au fer rouge.