Depuis que je chronique mes lectures, j'ai eu plus d'une fois de la peine à exprimer mon ressenti sur un roman, mais celui-ci remporte clairement la palme. Je vais quand même relever le défi, mais je dois admettre que j'ai beaucoup de peine à vous parler de ce livre dérangeant, horrifiant et obsessionnel. J'ai eu très peur en voyant les commentaires très négatifs et un certain nombre de personnes qui le décrivaient comme malsain. La préface de Stephen King qui le définit comme un incontournable m'a suffisamment déstabilisée pour ne plus savoir si je voulais ou non le commencer, mais comme j'aime emprunter de nouveaux chemins, je me suis lancée...
La première partie est assez douce et intéressante à découvrir. L'auteur plante le décor, les personnages, les relations, nous suivons la vie d'un petit village sans histoires. Mais nous sentons rapidement que l'eau va tourner et que la vie de Meg n'est pas aussi rose et tranquille que l'extérieur le laisse paraître. Quand nos craintes commencent à être confirmées et l'histoire à sombrer dans les ténèbres, il est trop tard pour faire machine arrière et nous voilà plongés dans l'horreur à l'état pur.
Nous devenons voyeurs à travers les yeux de notre héros, sans participer certes, mais en n'intervenant pas non plus pour stopper ce crescendo de violences et de tortures. C'est effrayant, dégoûtant aussi par moments, horrifiant, angoissant et toutes les autres émotions les plus sombres qu'il existe... Et pourtant... Pourtant, je me suis retrouvée dans l'incapacité de lâcher ce roman et cela m'a vraiment dérangée. Curiosité morbide? Fascination mal placée? Non, simplement un style d'écriture incroyable qui nous envoûte, nous emporte et nous fait aller toujours plus loin, jusqu'à des contrées de l'horreur que nous ne pensions jamais pouvoir atteindre ni même digérer.
Aussi hallucinant que cela puisse paraître, j'ai dévoré ce livre car il m'a fait fortement réfléchir. Reflétant toutes les théories de la psychologie de groupe, j'ai pu faire des parallèles avec ce que nous avions étudié à l'université, ce qui a amené une analyse de fond de l'oeuvre très intéressante, qui va au-delà de la montée en puissance des tortures. C'est bien là le don de l'auteur! Il nous oblige à une introspection, à analyser nos propres émotions face à ce qui se passe et à l'inaction de notre héros, à nous questionner sur nos propres réactions si nous nous retrouvions dans une telle situation.
Les conclusions auxquelles nous arrivons font frémir, pétrifient, terrifient et peuvent être un peu difficile à digérer. Jusqu'au bout je me suis rattachée au fait que c'était une fiction ce qui m'a permis de poursuivre ma lecture. Aussi imaginez ma tête quand dans la postface j'ai découvert qu'en fait l'auteur s'était inspiré d'un fait réel et qu'encore il n'avait pas osé retranscrire toutes les horreurs vécues par l'héroïne... Mon sang s'est glacé et c'est là que la plus grosse réflexion a réellement commencé et que le récit a pris une toute autre tournure à mes yeux.
C'est donc un roman à ne surtout pas mettre entre toutes les mains, car il sera tout simplement insupportable pour une personne trop sensible. Peut-être qu'il s'agit ici de voyeurisme morbide, c'est possible, j'ai de la peine à en juger. Peut-être que certaines horreurs commises par nos semblables ne devraient pas être mises en mots... Toutefois, ce roman aura réussi à me marquer au plus profond de ma chair, à me pétrifier, à me glacer, et tant pour cela que pour la qualité de la plume de l'auteur, ce livre se retrouve avec une excellente notation alors que les faits décrits sont tout bonnement insoutenables...
Voilà une bien longue chronique alors que je peinais à trouver mes mots... Elle est finalement à la hauteur de la tempête interne soulevée par ce roman.